RAPPORT - RÉSIDENCE ARTISTIQUE MAISON B

Parler d'une expérience immersive avec le corps en tête, devient presque frivole puisque l'univers symbolique traverse la structure quotidienne à la recherche de poésie, de nouveaux mouvements et que la parole n'arrive plus à s'exprimer. Même ainsi, je suis humblement disposé à essayer de communiquer ici.
Mon corps a vécu des surfaces, des espaces, des lieux, des situations, des histoires, des traversées qui m'ont forcé à entrer dans un état que j'appellerai ici la vigilance sensible. Une sorte de détachement présent, d'élargissement des horizons, d'élargissement des perceptions.
L'intensité de la résidence de trois jours dans le projet CASA B du Musée Bispo do Rosario m'a conduit à des réflexions profondes qui résonnent dans mon ventre jusqu'à maintenant.
J'ai été très bien accueillie par la belle équipe du Musée, qui m'a rapidement mis à l'aise et étrangement, j'ai ressenti un sentiment de retrouvailles. Eh bien... les retrouvailles !
Soutenu par trois êtres chers qui m'accompagnaient tout le temps, Diana, Elihas et Ana, je me suis immergé de plus en plus à chaque seconde dans les œuvres de l'évêque, avec une proximité inégalée avec toute la collection, au contact des personnes qui ont vécu et connaissait l'évêque, avec le pavillon où il était et a fait la plupart de ses travaux, avec toute la place pleine d'histoires et de rapports.
Mon corps à ce stade avait déjà vécu une aventure, une montagne russe de sentiments et de sensations.
J'ai ressenti de la peur, une oppression dans la poitrine, des douleurs articulaires, de la joie et de l'extase, une boule dans la gorge, une sensation de froid, l'envie de crier, la possession, le contrôle et le manque de contrôle... des choses que je ne peux même pas nommer. _cc781905-5cde-3194-bb3b- 136bad5cf58d_
C'était comme si le temps s'était arrêté pour qu'une expérience physique supplémentaire intense ait lieu. J'ai beaucoup prié ! J'ai vraiment demandé de l'aide ! 
J'ai entendu et ressenti des choses à cet endroit qui pouvaient transformer le corps, faire frissonner n'importe qui et faire fuir beaucoup de gens.
Il n'y avait pas de temps pour l'insouciance et à tout moment le TEMPS était la classe et l'intuition devait être prête pour savoir être là.
Les œuvres de l'évêque sont pour moi un héritage de délicatesse, de force, de poésie, d'histoire et de dénonciation. Une évocation divine de l'auto-guérison. Une invitation à la transformation.
Être là pendant la semaine de Pâques vivre toute cette intensité dans le corps était une via crucis !
Être très proche d'Arlindo, un artiste d'Atelie Gaia qui a vécu avec Bispo do Rosario à cette époque d'atrocités, avoir l'opportunité de se produire ensemble à Cela do Bispo, effacer la douleur du passé, sacraliser l'acte comme un nettoyage et une purification, purger la souffrance et donner la parole aux exclus était immense. je digère encore ! Peut-être qu'à un autre moment j'écrirai à nouveau et pourrai inscrire cet épisode unique dans ma vie !
Arlindo est un grand artiste! Je vis comme l'Evêque ! Réveillez-vous comme peu d'autres !
Comme si tout ce que la résidence propose ne suffisait pas, il reste les fantastiques rencontres du « hasard ». J'ai eu une conversation sur la spiritualité, la folie et l'avenir de l'humanité pendant environ 3 heures avec un psychiatre, un costumier et une infirmière/policière dans le dortoir où je logeais.
Seul l'évêque peut réunir des personnes aussi différentes autour de ces questions ! 
J'ai aussi eu l'occasion de donner des cours de danse aux gens de la communauté. J'ai été émue et très heureuse de constater la puissance de l'art, du mouvement ! 
J'ai dormi une nuit au polo puis je suis allé à la caserne. J'ai dormi seul au pôle. Il n'y avait que moi dans tout cet endroit avec tout ce qu'il est ! 
Mauvaise nuit de sommeil, premier jour, bruits étranges à l'aube, tout bougeait, tout ! Il n'y avait pas de fin !
Le dernier jour, Guto Neto, cinéaste et grand ami, arrive pour faire des disques poétiques de la journée. Il me demande si je sais par où nous allons commencer... toutes mes certitudes sont parties maintenant et nous avons traversé la journée avec l'intuition qui nous a guidés vers les bons endroits.
De précieux témoignages ont été faits, des reportages qui nous ont fait taire, des images mouvantes ont émergé et une multitude de questions sont nées.
Je ne sais pas quoi faire avec tant de choses… de nombreux souvenirs dans mon corps se dilatent et demandent une voix.
Je pense que maintenant seules la salle et la scène continueront de parler.